Historien entrepreneur à Saint-Emilion pour le bicentenaire Demptos
- Nicolas Bolchakoff
- 8 juin
- 4 min de lecture

Le 3 juin 2025 se tenait à Saint-Émilion le premier volet des célébrations du bicentenaire de la Tonnellerie Demptos fondée en 1825. Le Cabinet qui a participé à la recherche et à l'écriture de ces deux cents ans d'Histoire a eu l'honneur de prendre la parole sur les lieux mêmes de l'ancien atelier saint-émilionnais de la tonnellerie. Ces quelques mots ont eu pour but de présenter le travail de recherche effectué, de présenter la revue "La saison éternelle" qui consacre ce travail et de mettre en avant que pour une entreprise, convoquer l'histoire n'est pas un acte passéiste mais bien au contraire un acte d'avenir.
Voici les quelques lignes de cette intervention :
Mesdames et messieurs bonsoir,
Je suis Nicolas BOLCHAKOFF du Cabinet Historien entrepreneur et j’ai eu, sans faire d’emphase, l’honneur de me voir confier la mission de chercher, d’analyser et d’écrire une histoire de 200 ans, celle de la Tonnellerie Demptos. À ce propos, je remercie naturellement l’ensemble des équipes de la tonnellerie et plus particulièrement son PDG François Witasse, son directeur commercial Dominique Gornès et Charlotte Schmidt, responsable communication, avec qui cela a été un véritable plaisir de travailler. De cette collaboration, après des mois de recherches en archives, d’entretiens avec d’anciens collaborateurs et des membres de la famille Demptos elle-même, est née cette nouvelle revue Oaksymore que vous avez découverte ou que vous allez découvrir : “La saison éternelle”.
Une entreprise, telle que la tonnellerie Demptos, est un sujet d’Histoire à part entière. Une entreprise accompagne les mouvements de l'histoire et souvent, elle aussi, elle fait l'histoire. Les 8 chapitres qui composent la revue sont comme 200 saisons avec des soleils d’été et ses moments prospères, mais aussi avec des soleils d’hiver et ses moments de doutes. Du premier tonnelier Demptos, jusqu’à ce soir, en passant par les choix stratégiques de ses dirigeants, toute cette histoire a été conçue comme des plans séquence d’un film pour que durant votre lecture, cette histoire se traduise dans votre tête en images et rende vivant le récit. Cette histoire étant de dimension internationale, ce film écrit vous amène en Méditerranée, au-delà des Pyrénées, en Californie dans la Napa Valley, mais aussi dans l’autre hémisphère en Afrique du Sud ainsi qu’en Australie, avec comme point central sur cette carte du monde le quartier emblématique des tonneliers, le quartier des Chartrons à Bordeaux. Et à un moment de la lecture, l’image du clocher de Saint-Émilion se matérialisera, car Saint-Émilion fait partie de l’histoire et même de la géographie de la Tonnellerie Demptos.

Les Demptos s’implantent à la fin de la première moitié du XXe siècle à Saint-Émilion dans un souci de proximité avec les grands châteaux autour de Saint-Émilion, avec un premier atelier qui était situé tout près de la Mairie et, par manque de place, très vite l’atelier Demptos s’est transporté ici même dans ces murs. Dans l’image d’Épinal d’un village français, il y a son clocher, sa mairie, sa boulangerie, son café et il y a aussi l’atelier de tonnellerie avec deux tonneliers contremaîtres qui incarnent ce lieu, les messieurs Moreno et Penchaud.
Les écoliers de Saint-Émilion avaient pour habitude de s’arrêter à l’atelier “rue des écoles” pour regarder le spectacle de bois et de fer qu’est la tonnellerie. En parcourant la correspondance d’Abel Demptos, le dirigeant emblématique d’une bonne partie du XXe siècle, on rencontre les grands châteaux de Saint-Émilion avec La Gaffelière (Roquefort Malet), Château Auzone, Château Angélus avec qui, dans les années 70, la tonnellerie Demptos va être parmi les premières à engager un dialogue œnologique pour pousser plus loin la compréhension des effets des barriques sur le vin, provoquant un renouveau œnologique et un retour à l’usage du bois au détriment de l’usage des cuves inox ou béton.
Outre la recherche et l’analyse de plus de 5000 archives, écrire l’histoire d’une entreprise, de la Tonnellerie Demptos, c’est une histoire en elle-même. Au départ, le sujet d’étude et l’historien sont deux inconnus qui s’apprivoisent et, à force de lecture et d’analyse, l’historien s’approprie cette histoire et peut alors commencer l’écriture, qui est un geste ascétique pour lequel il faut déployer une véritable discipline. Écrire cette histoire, ce fut du plaisir, beaucoup de café et beaucoup de musique classique et baroque également, parce que la musique dans l’acte d’écriture donne un souffle, un rythme. Il y a un moment où la musique fut importante, essentielle pour l’écriture, ce fut au moment où il fallait écrire et décrire la disparition de Philippe Demptos en 1989, dernier de la dynastie des tonneliers Demptos à la tête de l’entreprise éponyme. La musique qui m’a accompagné pour ce moment-là fut le requiem de Gabriel Fauré “In paradisium” qui fut la musique passée à l’église de Saint-Caprais-de-Bordeaux dans laquelle je me suis aussi rendu pour rendre ce moment le plus réaliste possible.
En guise de conclusion, pour moi, pour le cabinet Historien entrepreneur, nous concevons l’histoire comme quelque chose qui va bien au-delà de la simple énumération de dates, de la poussière des archives, ou tout simplement des cours de lycée que nous avons tous connus. L’histoire est un énorme réservoir de données dans lequel il faut aller s’abreuver en vue d’éclairer des démarches présentes et futures du monde de l’entreprise. Comme je l’ai écrit dans l’épilogue de cette revue “la saison éternelle”, les profondeurs de l’histoire sont en quelque sorte le tremplin de nouvelles inspirations et aspirations. Pour moi, et j’en suis sûr pour la direction de la tonnellerie Demptos, écrire leur histoire fut en réalité un acte d’avenir et j’espère pour la maison Demptos que l’histoire sera encore et toujours avec elle et qu’elle continuera, bien des décennies dans le futur, le dialogue ancestral, voire biblique, entre les hommes, les tonneliers, le bois et le vin.
Que l'Histoire soit avec vous ! Je vous remercie.

Par Historien entrepreneur - Histoire d'entreprise, Généalogie & Etudes historiques.
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