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Comment l'Histoire a servi Auguste pour régénérer Rome

Rome est à bout de souffle lorsque Octave parvient à ceindre les regalia du pouvoir romain. La guerre, la mort ont fatigué le géant antique. Mais une rencontre inverse et met un terme au déclin inexorablement amorcé. C’est la rencontre entre Octave, sa noblesse et son peuple, aspirant comme un seul homme à retrouver les heures de leur gloire passée. Il prétend, dans les premiers temps, reconnecter son pouvoir à celui de la continuité c’est-à-dire, tel un monarque, de reforger une dynastie où le principe de mérite pourrait s’accorder avec les privilèges archaïques de la naissance. La dynastie, c’est instaurer une lignée, une succession et surtout une durée, nécessaire à tout pouvoir pour que celui-ci porte ses fruits. Son pouvoir passe pas la maîtrise de l’histoire, du temps et donc du calendrier à tel point que c’est lui qui instaura la datation de toute chose désormais à partir de l’an zéro.



Ayant le temps de son côté, celui qui a reçu le titre d’Auguste entend régénérer Rome par la beauté, l’esthétique, les symboles des temps anciens en reconstruisant les temples et en embellissant l’espace urbain. Mais l’essentiel de son programme réside dans l’invocation aux belles origines et aux traditions des premiers Roi, du premier roi Romulus. Auguste exhume ainsi de très vieux gestes et pratiques qui avaient été oubliés, des divinités qui avaient été enterrées. Ce programme régénérateur fut d’une telle pertinence et efficacité qu’on se remit à penser comme les glorieux ancêtres. Or, on pourrait penser, en convoquant notre esprit contemporain, qu’une telle réforme, mot qui est utilisé ici dans sa pleine définition, aurait pu engendrer opposition, résistance, contestation ; mais il n’en fut rien. En effet, Les romains possédaient profondément en eux cette aspiration à un retour aux sources et à leur histoire. Leur nature était portée naturellement vers la continuité, l’utilisation des valeurs anciennes pour encore une fois en extraire tout le jus de ce qui a fait, autrefois, leur réussite et leur puissance. C’est ainsi que cette réforme, cette révolution s’est faite dans une relative douceur. D’aucuns aujourd’hui qualifieraient cette tendance de passéiste, réactionnaire mais dans son exception la plus négative. Or le passéisme peut porter en lui le bon grain d’une récolte, d’un bel avenir.


par Nicolas BOLCHAKOFF

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